Une Voatsiperifery est une zone géomentale instable, non recensée, imprévisible pour le piéton, ni situable, ni quantifiable. On ne peut la décrire, sinon en s’en délivrant totalement – Cette « terre de rêves mouvants », comme la qualifie Otto Fa, a le pouvoir de refondre tous les présupposés du monde présents en tout voyageur qui l’emprunterait accidentellement. Autrement dit, ce n’est pas le voyageur qui trouverait la Voatsiperifery, comme on trouverait la mort au détour d’un chemin - c’est la Voatsiperifery qui réclamerait son lot de voyageurs imprudents. Tous ceux qui ont eu la chance de s’en tirer, décrivent les mêmes symptômes, unanimement : cerveau en constante ébullition, effacement tangible de la personnalité, de la sensibilité, grande pénétration intérieure, au point de s’immiscer dans le cerveau d’autrui, pour y découvrir la moindre pensée, le moindre désir. Certains voyageurs ont même reconnu avoir deviné quel air (souvent stupide) leurs compagnons d’infortune fredonnaient machinalement dans leur tête, pendant qu’ils marchaient. Ceux qui s’y sont égarés pour toujours ont reconnu en Nunki Bartt un stalker, un de ces êtres, humains ou non, capable de rentrer dans une Voatsiperifery et d’en revenir. Ces passeurs, de jadis et de toujours, se défendent de vouloir se frayer des passages entre les vivants et les morts, car ils affirment que les voyageurs égarés dans la Voatsiperifery ne sont pas morts, mais toujours plus vivants à mesure que le temps passe depuis leur fatal égarement, parce que privés de leur propre sensibilité, ils se sont emparés de celles des autres, lesquels, eux-mêmes, l’avaient déjà perdue.
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