Comme un plongeur dans un lac
5 Ainsi parlait Bolaño ?
Oui, comme un pèse mots et comme le pèse nerfs. Les deux poèmes se suivent. Ils sont d’une simplicité enfantine. « L’épilogue et morale » est de Bolaño. La poésie tombe tout droit. Encore faut-il de l’innocence.
"La dernière promenade de Robert Walser" 1992 - Jean-Claude Pardou
461
Mieux vaut apprendre
à lire qu’apprendre à mourir
Bien meilleure
Et bien plus importante
Est l’alphabétisation
Que l’apprentissage ardu
De la mort.
Elle t’accompagnera toute ta vie
Et te procurera même
Des joies
Et un ou deux malheurs certains
Apprendre à mourir
En revanche
Apprendre à regarder en face
La Camarde
Ne te servira qu’un instant
Le bref instant
De vérité et de dégoût
Et puis jamais plus
Epilogue et Morale : Mourir est plus important que lire, mais dure bien moins longtemps. On pourrait objecter que vivre c’est mourir chaque jour. Ou que lire c’est apprendre à mourir, obliquement. Pour finir, et comme pour tant de choses, l’exemple est encore Stevenson. Lire c’est apprendre à mourir, mais c’est aussi apprendre à être heureux, à être courageux.
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Résurrection
La poésie entre dans le rêve
comme un plongeur dans un lac.
La poésie, plus courageuse que n’importe qui,
Entre et tombe
Tout droit
Dans un lac infini comme le Loch Ness
Ou trouble et malheureux comme le lac Balaton.
Contemplez la depuis le fond :
Un plongeur
Innocent
Enveloppé dans les plumes
De la volonté.
La poésie entre dans le rêve
Comme un plongeur mort
Dans l’œil de Dieu.
Notre pause se contentera d’un simple plan d’eau. A condition que la poésie entre dans le rêve, bien sûr.
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