dimanche 26 novembre 2023

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"Le problème avec les mensonges, c'était qu'il fallait sans arrêt en inventer d'autres pour dissimuler les précédents. Parfois, on devait même incarner ce mensonge pour ne pas se faire démasquer" 

Jim Harrison, "Le vieux saltimbanque"



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Paul Virilio ou la dernière frontière


Les vacances ont duré très longtemps, même si le record de Jules Verne reste inaccessible. Trois mois, ce n'est pas comme deux ans, mais il faut admettre que nous sommes à l'âge Virilionien*, et que ce cher Paul nous avait prévenu : " il est plus tard que tu ne le penses". 

Le temps, en Baxtérie, n'a aucune valeur et la Baxtérie, comme notion de territoire, n'en a pas davantage. Si le temps et la notion de territoire devait être conjugués et calculés en perspective de vous convaincre qu'elles existent, il nous faudrait recréer un temps et un espace dans ce monde qui a déjà excédé l'extrême limite de toute notion de terra incognita, puis, dans un second temps, faire appel à toutes les ressources de la géomatique afin de retracer l'incompréhensible parcours effectué par l'ensemble des baxtériens durant ces trois derniers mois d'inaction littérairece qui, vous l'admettrez avec nous, est rigoureusement impossible. Le Slougy, (le navire du roman de Vernes : "Deux ans de vacances"), qui emporte dans ses flancs les 14 heureux chanceux du collège Chairman, ayant gagné, à la loterie, une croisière autour de la Nouvelle Zélande, est un navire école. A son bord, on peut noter la présence d'un collégien britannique, âgé de treize ans, nommé Baxter. C'est le personnage le plus ancien apparaissant dans la nébuleuse généalogique baxteriène, soit : 1860, année de parution du roman "Deux ans de vacances." 

L'île Chairman, où échoueront les jeunes passagers du Slougy -  une vision baxteriène ?


Les baxtériens, dans la réalité, n'ont pas de Slougy pour les faire avancer dans leurs pérégrinations, ni d'Odysséus, ni d'autres véhicules magiques. Et c'est tant mieux, car de toute évidence, ils n'ont guère le pied marin. Mais ils utilisent ces véhicules magiques, qui étaient déjà présents sous une forme parfaite, dans les arts, la poésie et la littérature réels, pour voyager ; d'où une certaine nuance : le voyage s'effectue au cœur de l'espace mental. Prof me disait l'autre jour que les précolombiens avait effectivement inventé la roue, contrairement aux idées reçues, et qu'ils avaient décliné cette roue de plusieurs façons : en verroterie, bijoux, amulettes ou tout autre symbole. Seulement, dans un espace géographique si tourmenté, au relief impossible à domestiquer, aux chemins cruels et si peu carrossables, la roue comme système de locomotion, n'avait aucune utilité dans leur forêt nombreuse. D'où sa miniaturisation et sa valeur hautement symbolique.  

Bon, oublions la vague, le vent et la roue. La véritable question est celle-ci : "Mais qu'ont-ils pu bien fabriquer durant tout ce temps, sans produire une seule ligne ?"

Eh bien, sachez que ces voyageurs-là ont fait des provisions pour longtemps : 

Snow Rozett a gagné sa deuxième étoile au guide gastronomique "Petit Prince de l'induction", en maîtrisant la cuisson du mouton de sept heures.

 Prof s'est laissé convaincre que le plus lourd que l'air, c'était l'avenir : une triplette de boules de pétanque. Il ferraille lors de concours sous haute tension, excelle dans l'art de placer ou de tirer à l'envi, contraint de dégager les 3000 volumes de sa bibliothèque pour y exposer ses myriades de trophées.

 Le Doc, dont l'agenda était déjà bien chargé jusqu'à présent, a jeté son dévolu sur la cueillette des olives en Provence, invoquant dans son esprit si étrange, les bras et les manches de Giono et de Van Gogh, bien remontées, passant définitivement maître dans la pression à très chaud, excellant comme personne, dans l'art de manier la gaule.

 Maestro, quant à lui, aura emprunté une fois de trop le pont de fil baxtérien qui fait franchir le fleuve de la concorde et de la sérénité. Au petit matin frileux, il se sera fait stupidement descendre après le passage de l'île Aucard (au mi-temps du pont), malheureux témoin d'un cambriolage des locaux du Patronage Laïque Paul Bert, restant très longtemps sur le dos, à se demander (pendant qu'il agonisait), ce qu'il pourrait trouver à vous dire, pour justifier une si longue absence. 


Bartt filmé par la vidéo surveillance peu avant d'être descendu dans l'angle mort

      

Le Doc en Provence, besognant sous l'olivier baptisé "Blanche"


                                                                                                          

Pour le Prof, il s'agit avant tout de régler la mire de son existence. 
En
 jouant à la pétanque, on joue également avec les quatre grandeurs physiques : Longueur, Masse, Temps, Intensité de courant




Le dernier dîner des baxtériens présidé par Snow Rozzett sous l'oeil bienveillant d'Aki Kaurismaki
  


Chacun se révèle à sa place, dans sa monade intime. Le Doc sous ces chers oliviers, le Prof à ses boules de 680 g, (polyvalence oblige), Snow Rozett s'appliquant dans ses cuissons, et maestro, passant inconsidéré, au mauvais endroit, au mauvais moment.

Que diriez-vous de deux ans de vacances, ou plus simplement, d'une éternité* ?



"La fin du monde est un concept sans avenir"





*Offre soumise à conditions


jouez-moi !



  Crédits : *Paul Virilio, Jules Vernes, Snow Rozett, Doc, Prof, maestro

 Romain Dézèque, Les oliviers chez Giono, Paul Loiseau (uniquement pour la promotion)

Relecture : Snow