mercredi 31 août 2022

RB#7 : L'homme de Bristol - Début

Jouez-moi SVP


Robert Wyatt "Costa" (memories of under-development)


Robert Wyatt         D O N D E S T A N        1991





                   
 « Je te préviens, j’ai des besoins ! » J'étais marri. Cette manière directe, bien que délicate, de me dire que d'être tombé amoureux d'elle ne lui suffisait pas (qu’on était plus au siècle du jeune Werther (sic)), m’avait donné un rapide aperçu de ce qui m’attendait avec les filles. Elle sortait déjà avec ce garçon, un beau bosniaque qui devait déjà la satisfaire, vu qu’elle passait la plupart de son temps chez lui, dans le quartier des halles, désertant son propre appartement de la rue Blanqui où je ne pouvais jamais la trouver, sinon m’entendre répéter la même litanie par ses deux colocataires , un couple de fille : - Essaye chez Ilan, tu la trouveras sûrement ! Mais qu’elle me dise ça : "J’ai des besoins", chez lui, Ilan, parti je ne sais où, tout en pleurnichant...Je me suis barré. 

Voilà où nous en étions, au cours de ce sombre après-midi d'été 1991, alors que je regagnais mon rez-de-chaussée avec chiottes à la turc dans la cour mais, comme étant placé le plus près des gogs, je me sentais encore privilégié par rapport à mes voisins Anto et Dan, qui perchaient sous les toits et devaient dévaler deux étages au cas où. Le ciel s’était bien chargé à l’ouest, au-dessus du fleuve, qui s’évertuait à vouloir tamponner les cumulonimbus. J’avais terriblement envie de Nadine, de ses hanches texanes, de ses seins en poires dont les larges aréoles me faisaient penser à ces cocardes dessinées en double cercle sur le fuselage des Spitfires. La cellule orageuse s’était renforcée, si bien que la Loire et le ciel avaient à présent la même couleur gris de Payne qui nous révélait aux rayons X la pointe est de l’île Simon. J’avais décidé de rentrer chez moi en prenant par le pont Wilson, croyant avoir le temps de lui échapper : erreur fatale ! Avant même que j’eus atteint le quai du portillon, à hauteur de la quatrième pile, l’orage, qui devait incarner l’appétit sexuel de Nadine, s’était abattu sur nous avec la fougue d’une femme fontaine.


                                                                                                                                           Jouez-moi SVP                                                  

                   

Arnaud fleurent Didier
"Ne soit pas trop exigeant"
                                                                    

 Il y avait cet ariégeois, avec son vieux vélo, cent fois rafistolé, qui partait à l’assaut du Port de L’Hers, du col d’Aspin ou du plateau de Beyle, en calculant méthodiquement le temps qu’il lui faudrait pour accomplir cette prouesse et arriver juste à temps pour son émission radiophonique préférée : « Escale » diffusée alors sur France culture. Quand il lui arrivait d’avoir un jour sans dans l'ascension, il devait redoubler d’efforts pour rattraper son retard dans la descente et pour se galvaniser, il répétait sans cesse le générique de son émission comme pour exhorter les programmateurs à ne pas commencer sans lui. Il chantait (surtout les jours de pluie, propices à l’exaltation), « Es-cales !» « Es-ca-les !», le court slogan lancé par une voix pressée. Qu’il ait pu seulement manquer le générique et c’était la consternation ; ce genre d’incident qui pouvait mettre en péril votre propre équilibre mental.

Rentré à temps sous des hallebardes. Précipitation exagérée dans le couloir qui pourrait laisser penser à mon voisin du second, croisé dans le couloir d’entrée, qu’il s’agit d’une envie de pisser de longue date. A peine un : Bonsoir Daniel ! Et me voilà dégoulinant devant ma télé minuscule pour découvrir, une fois encore, le générique de Métropolis sur la sept, où l'on pouvait voir un immeuble évidé se déployer comme un rubiks’cube laissant apparaître des figures iconiques à l'intérieur d'un casier d'imprimerie virtuel roulant autour de la structure cubique comme si le tessaract d’Howard Hinton nous parvenait d’un passé lointain dans sa version parfaite et irisée d’exo couleurs. Une autre casse apparaissait avec un nouveau motif pour disparaître derechef et le locataire Arthur Rimbaud, en personne, se présentait à son tour avec à peine ce qu’il faut de temps pour nous troubler de son regard jupitérien. 



Le premier sujet m'a laissé froid : les ventes des œuvres posthumes du peintre Bernard Buffet à l'hôtel Drouot. J’ai le temps d’enfiler des vêtements secs, de me faire réchauffer une casserole de café, de rapprocher la télé de mon lit qui me sert de canapé et attendre la séquence suivante : Nous voici à Louth, Lincolnshire, GB. Le portrait, par une équipe de télévision française, d’un petit homme à la barbe audacieuse, assis dans un fauteuil roulant, poursuivi par une caméra insistante et circulant, ou plutôt, usant de savantes circumambulations dans son appartement comme s’il voulait absolument se débarrasser de ce caméraman importun. Le petit homme supplie qu'on ne le suive plus, qu’il sera de retour dans un instant et demande si, en français, on dit « dans un minute ou dans une minute ? Et comme l’interviewer lui répond qu’on dit « dans une minute », il fait une moue perplexe, peu convaincu, réalisant peut-être que la langue française est vraiment mal foutue. Soudain, - magie du montage - nous voilà brusquement transportés dans un studio de musique encombré d'une batterie sans grosse caisse, de claviers-machines, d’une tonne de disques vinyles et d’un trois quarts de piano, devant lequel, il sert le frein. On n’apprendra pas grand-chose sur lui, sinon qu’il est né à Bristol. Mais nous ne saurons pas s’il a toujours été assis dans ce fauteuil, modèle chrome Raymond Burr, ni de quelle nature était l’accident qui a provoqué la paraplégie. Lui, il donne plutôt l’impression d’entrer dans son studio comme on entre dans la vie : sur des roulettes.



Ma mémoire me joue souvent des tours, c'est pourquoi  je crois bien encore l'entendre dire au journaliste qui l'interviewe : " Selon moi, l'une des plus belles inventions conçues par l'homme reste le microphone, you know ? "Il a placé ses dix doigts sur un espace grand comme deux octaves, soit : l’empan des deux mains réunies - à l’attaque des touches blanches et noires, ses pouces ne se sont plus quittés. Il n’avait eu besoin que de cet espace restreint pour composer Catholic architecture, qu’il nous jouait de bonne grâce et fredonnait (plus qu’il ne chantait) dans une tessiture de haut-de-contre. Le petit homme barbu dans son fauteuil roulant se révélait être un artiste doué d’un génie modérateur. Son truc : exprimer le plus de sensations possibles avec une économie de gestes et on pouvait, sans faire trop d’erreurs, mettre cette méthode sur le compte d’une recherche constante à tirer parti de son handicap. Je regardais ses mains d'ouvrier se déplacer sur les touches pour tirer de l’instrument des tonalités déconcertantes de simplicité. Satie et Cage réunis pour une partie de nain jaune. Pénétrer dans cet espace sonore, c’était comme délabyrinther une médina musicale. Adieu les perspectives à perte de vue des champs sonores, adieu les horizons tyranniques de la virtuosité ! Maître Bashô était de retour dans cette nouvelle Massada ; son bol était rempli d’eau salée et de son bâton éclosaient des fleurs de courgettes. Allez-va ! Des mains comme celle-là on pouvait toujours leur faire confiance…

 







Jouez-moi SVP



Robert Wyatt : "Catholic architecture"





A suivre

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Annexe 

Interview de Robert Wyatt chez lui en 1994



mercredi 10 août 2022

L'été encore et toujours sans jamais en voir la fin !



Numéro spécial : cahiers de vacances !







Alors, Tu t'en vas te dorer la pilule sur les plages bondées, boire des daïkiris à la terrasse des bars de nuit, rouler sur le front de mer en Méhari plage jaune Atacama, avant de tout vomir dans le vide-poche ? Mmm, tu fais bien ! Mais n'oublie pas d'emporter avec toi ton nouveau cahier de vacances dans lequel tu trouveras toutes nos solutions à tous nos problèmes énoncés, comme tu ne l'avais encore jamais imaginé, même en rêve.

 

A vos cahiers !

☝💥


 Ex n°1 : niveau brevet de fin d'études de l'école Pigier, section esthéticienne


"Elle s'était soudainement éprise de Boy George, avant même qu'elle l'ait vu apparaitre à la télé un soir, chez Michel Drucker. Avant, elle ne connaissait que sa voix qui sortait de la petite boite s'engraissant tous les soirs avec nous dans la cuisine, à l'heure du repas. Quand elle a vu sa dégaine pour la première fois sur le plateau de Champs-Elysées, elle est tombée folle amoureuse de lui; aussi sec, dès qu'il a fini son play-back sur "Do You Really Want to Hurt Me". Mais elle ne savait pas dire son nom, hélas : Boy George, ça non, elle n'a jamais pu le dire. Elle l'appelait George Boit, ou Bois, enfin comme elle ne l'a jamais écrit, je le note comme je l'ai entendu de sa propre voix, c'est tout - Oh ! George Boi(t), j'adore George Boi(s), oh ! Il est si bien rasé. 
Quand elle a cru prononcer correctement son nom, mes frères et moi avons mis le temps avant de comprendre de qui elle voulait bien parler, car elle n'était pas foutue de citer ne serait-ce que le titre de cette chanson qui lui plaisait tant. Et des fois même, quand on pigeait que dalle à ce qu'elle nous disait, elle se fâchait. "
                                                                                                              
                                                 Gian Carlo Nono, Une femme sans bagage 


Exercice


A l'examen de ce texte, Trouvez le nom du trouble dont souffre la mère éprise de George B... de Boy George

Est-ce :

- L'anorexie
- L'alopécie
- Les amygdales
- La dyslexie








   

Réponse: elle souffre du complexe de la femme à barbe 






Exercice N° 2 Niveau enseignement technique 


Relie tes serial killers préférés à leur bol respectif et découvre lequel n'est pas d'origine bretonne





Exercice N°3 Niveau prépa école Hôtelière


 Quelle est la boisson qui accompagnera parfaitement un foie de psychiatre aux abois ? 



A - Un verre de lait de brebis
B - Du sang du groupe O-
C - Un Chianti Gran reserva 1989
D - Une Tourtel Twist agrume

                                                                    


      













Réponse: le Chianti développera ses plus fins arômes si le foie est servi "rosé"





Exercice N°4 Niveau prix du conservatoire, classe de composition 


Sifflez un air  de l'un des titres de cet album sans vous moucher du coude

Vous avez sifflé un air qui n'existe que sur le volume 1, par conséquent, vous êtes confiné




Exercice N°5 Niveau BAC PRO lycée agricole

Etudiez cette séquence et anticipez une fin positivante

 


                     








Un candidat (de la filiale agro-alimentaire) a proposé cette solution intuitive 

                 





PAUSE : Apéro 🏄🎈

                                                  

  


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Exercice N° 6 niveau hypocagne


A votre avis : qui a tiré la couverture à lui ?


réponse: " Heu.. j'dirais qu'elle a disparu "




Exercice N°7 Niveau médecine 3ème année, spécialité gynécologie



A - Diriez-vous, comme le professeur André Fouquet, de l'hôpital Cochin, que la profession de gynécologue est une profession : à risque ? Sinon, argumentez


B -  Préférez-vous les teuchas ou les neuchiés ?

C-  Epilez et toilettez  






Pause Déjeuner (1er service) 🐽🍖🍗



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Exercice N° 8 Niveau brevet des collèges (Institution Léon XIII )

- Evoque tes dernières vacances en famille, ta solitude crasse, la découverte éprouvante de ton corps. N'omet rien


Pénitence :Répands-toi, reprends-toi, repentis-toi








Pause Déjeuner (2ème service) 🍗🍘🍤🍅




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Exercice N°9

   






Solution



Exercice N°10 Niveau permis bateau hauturier

Lequel, du capitaine ou de sa poule, a coulé en premier le Costa Concordia le vendredi 13 janvier 2012 ?


?








Réponse : C'est le capitaine Chettino qui a oublié de mettre le frein à main. Mais imaginez que l'accident se soit produit le vendredi 13 janvier 2013




Exercice final (N°11) Niveau Bac du futur : épreuve de streetphilo

Question : Au jour d'aujourd'hui, avec quel bois pensez-vous que les écrivains, ou les artistes en général, se chauffent les meules ?




Vous avez deux heures (temps de la crémation)



Dîner ! (service unique)
🍤🍛🍗🍆🍷🍰



C'est l'heure du daïkiri



mercredi 3 août 2022

L'été, c'est comme Noël !

 





Unhappy Christmas

                                                                        Par Snow Rozett


Snow Rozett par Crobamatom



« Fils de bourgeois ou fils d’apôtres, fils de César ou fils de rien… » on a tous au moins un souvenir d’enfance heureux d’un noël en famille. Je crois que j’en ai mais je ne m’en souviens pas.
         

Je me souviens de la nuit d’avant, toute cotonneuse, fébrile, retenant le sommeil pour entendre le gros passer par la cheminée, des chaussons de mes sœurs et de ma cousine bien rangés sous le sapin, je me rappelle une boule de noël particulière, très grosse, transparente avec un chalet à l’intérieur, mise en hauteur pour pas qu’on y touche. Puis ça partait à vau-l’eau. 
Pourtant ça sent bon dans la cuisine, le pain frais coupé, la sauce de la viande rôtie, l’ail dans les légumes, les fromages affinés, le chocolat et le beurre des desserts, pourtant ça part toujours bien.
Mes 2 mamies sont belles, en couleur, du rouge à lèvres aux chaussures, la mise en pli récente, elles s’entendent bien. Elles sont rondes comme la dinde. Un gros tablier bleu enserre leur grande taille et froisse leur robe, vu de derrière ça ne va pas, chacune un gros nœud qui rebondit sur leurs fesses. Il faut dresser la galantine de volaille dans les plats en inox, couper le foie gras, mettre la gelée dans des petits pots, griller les tranches de pain de seigle, sortir le lourd plat du four, arroser la viande, la retourner, la réassaisonner, remuer les légumes, baisser le feu, préparer la sauce de salade : vinaigre blanc et gros sel, installer les fromages sur une planche, trouver de la place dans le frigo bondé pour les gâteaux…



Les filles sont là aussi : ma mère, mes 2 tantes et la femme de mon oncle du Canada, elles n’ont pas de tablier et rivalisent de sautoirs scintillants sur leur décolleté, elles paraissent beaucoup plus grandes que mes mamies parce qu’elles ont mis des talons, elles parlent fort et toutes en même temps, elles rigolent, elles demandent si elles peuvent aider, « ça va aller les filles, allez boire un verre avec les hommes ! ».
Mes 2 pépés sont en costume sombre avec une chemise et une cravate, mon pépé Dédé je ne le vois comme ça qu’à noël, ça lui va bien. Ils sont ronds comme leur femme. Ils parlent de vin, Bordeaux pour l’un, Bourgogne pour l’autre, les bouteilles de chaque clan sont posées sur le grand meuble derrière la belle table, prêtes à être dégainées tout à tour…
Les garçons sont là aussi, mon père et mes 2 oncles, mon père pour le costume j’ai l’habitude, mon oncle du Canada on dit ça parce qu’il y a vécu, il ressemble à Zorro mais mon parrain boucher ça le change. Ils ont déjà bu un peu alors ils parlent fort autant.
Mes 2 sœurs, ma cousine et moi on a presque la même tenue, des robes longues à fond bleu marine avec des petites fleurs et des manches ballon, des vernis aux pieds, on a aussi les mêmes bonnets : couleur marron ours avec 2 sangles sur le côté ornées chacune d’un gros pompon au bout, on a la même frange, bien droite et coupée haut au-dessus des yeux. C’est ma mère qui s’en occupe, elle était coiffeuse. Nous on mangera dans la cuisine quand ce sera débarrassé, en attendant, on passe d’une pièce à l’autre, on ouvrira nos cadeaux au dessert, c’est loin. Mamie Simone me demande si je veux goûter la sauce sur un bout de pain, j’ai l’habitude. Pépé Dédé, il me froisse la frange et me dit que je suis bien jolie dans ma robe. Ça part bien.
Pour notre apéro, il y a 4 Orangina débouchés sur la grille du haut dans le frigo.  Notre table est mise et les grands sont au Martini rouge, au Guignolet, à la Suze et au Ricard, enfin pas tout pour chaque mais chacun son préféré. Moi je suis la plus grande des petites alors je m’occupe des boissons, mais je suis maladroite aussi et un des Orangina se couche et se déverse sur le plat de galantines à l’étage en-dessous. Une de mes sœurs pousse un petit cri, je lui fais des yeux très noirs et demande à ma cousine de me lancer une éponge. Tout va très vite parce qu’il faut pas que ça se voit. J’éponge le plat, j’essore, j’éponge encore, c’est bon, on n’y voit goutte mais ça commence mal.
Comme on est 4 à table, on finit toujours avant les grands et puis j’ai remarqué qu’on a une entrée en moins. On a le droit de se lever entre les plats heureusement, on va dans l’arrière-cuisine parce qu’on est à la boucherie et on joue, au docteur, à la Grande Sœur, à l’Ecole des fans… on a plus faim c’est trop long tout ça. 

Chez les grands, c’est comme pour le vin, il y a 2 clans, ceux qui votent à gauche et ceux qui sont à droite et les femmes elles parlent aussi fort que les hommes. Nous on est habitué à ce gros son permanent quand c’est noël mais là, avant la dinde, ce n’est pas pareil, ça crie, ça dit « Non arrêtez - Vous n’allez pas recommencer - C’est pas possible - Calmez-vous – Jean, tais-toi – Jacques, ferme là – Claude, ne cherche pas les histoires – Mais stop pensez à celles qui ont tout préparé – Chaque année c’est la même chose, ça suffit – Stop – Non non non c’est de la folie ! ARRETEZ ! ».
Interruption de notre Ecole des Fans, l’invitée était Sylvie Vartan et ma petite sœur se présentait avec « Comme un garçon » … 

 
"Comme un garçon"


Ma cousine et moi on a tout de suite compris que c’était fini, que nos cadeaux seraient balancés empaquetés dans les coffres de nos voitures, qu’on les ouvrirait demain, on fonce dans la salle à manger, les yeux des grands sont vitreux, les mines rougies, ma tante Claude qui vote à droite, est tombée de sa chaise, mon père a le poing encore serré, elle l’a giflé il a riposté, mes mamies pleurent, mes pépés essaient de calmer le jeu, trop tard, trop tard, mon parrain surenchère, congédie mon oncle du Canada et sa femme « Toi et ta grosse vous ne restez pas là ! » Ma mère griffe la main de mon parrain qui fuit dans la rue, ma cousine suit son père, on est tous debout alors que la dinde attend, que la cire des bougies débordent des chandeliers, que la boule transparente vacille en haut du sapin, porte et fenêtres sont ouvertes et le froid de décembre nous saisit alors que nous avions presque trop chaud juste avant, on nous enfile sèchement les bonnets-ours sur la tête, celui de ma petite sœur est mal mis et une des sangles lui traverse le milieu du visage, elle chouine : 
« Mais on a pas mangé les gâteaux ! ». Ça m’a fait sourire.



                                                 
 
A mes mamies