Dixième station: Clous et blessures
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"Clous et blessures" Techniques mixtes sur toile 120 x 120 cm
Quelque part, aux confins
de la Touraine et du Berry, on peut trouver une église sur laquelle on ne
s’arrêterait pas forcément si elle ne recelait pas dans ses murs une merveille
authentique, comme celles que l’on conserve dans un grand nombre d’églises
d’Italie. Jehan Fouquet, grand maître français du quattrocento, a peint une pietà hors des codes de l’esthétique et
de l’idéologie religieuse de son époque. Bien qu’enthousiasmé, il n’était pas
question de faire une peinture d’après ce
que j’avais vu ce jour-là, mais seulement de fixer sur une toile l’heureux
souvenir de deux jours passés avec mes compagnons du groupe « Baxter», à
Tours, ma ville natale, qui est aussi par le plus mystérieux des hasards, la
ville où l’artiste est né. Une grande fascination avait opéré sur nous, en
particulier chez le doc et le prof (les deux autres membres du groupe), mais ce
qui m’avait de prime abord cloué sur place, si j’ose dire, c’était la présence
de ces trois clous à tête losangée, noirs, mystérieusement entrecroisés, et disposés
au bas du tableau, presque en son centre. Que signifiait cette étrange
disposition, et pourquoi me préoccupais-je principalement de ces clous ?
La réponse, bien qu’évidente, ne m’est apparue que récemment. Le groupe Baxter
se compose de trois membres, « doc », « maestro » et
« prof ». Bien que les éléments de la passion, c’est-à-dire, la
couronne d’épine, le marteau et les clous, apparaissent dans une trinité
implacable, il était évident que la joyeuse proximité avec mes camarades devait
surseoir à ce glissant exercice de théologie. J’exagérais la taille des clous, voilà
tout. L’histoire des hommes prévalant toujours sur l’histoire des symboles,
aussi persistants soient-ils.
Le tableau de Jehan
Fouquet, assemblé en huit pièces de bois enfermées dans un coffre de verre, est
conservé dans l’église de Nouans les fontaines, en Indre & Loire.
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