vendredi 11 septembre 2020

Quatorze stations jusqu'à Cakya Mouni 9

 POUR JACKIE

Neuvième station : Terre jalousie

"Terre jalousie" Techniques mixtes sur toile  81 x 100 cm


T

erre Jalousie est à présent un quartier résidentiel, située au bout de la vallée d’Ebbes, sur un vallon, au-delà du Petit Valençay et de son légendaire hippodrome en herbe. Quand j’écris ça, c’est comme si je n’avais rien écrit, puisque, à part les gens vivant dans cette région immédiate, qui pourrait comprendre ce que je dis ? Bartt, le désordonné, s’est seulement souvenu d’une petite plaque métallique jaune et bleue, apposée à un poteau électrique, appartenant au réseau EDF, sur laquelle étaient inscrits ces mots qui le bouleversèrent sûrement, au point, peut-être, d’en faire une peinture. S’il fallait refaire le parcours du sagittairien, ce jour-là, on imaginera qu’il sera passé par l’immense champ de foire où viennent s’installer, chaque année, les grands chapiteaux des cirques. Il aura été certainement ému, non pas par la présence du chapiteau lui-même, mais par la trace de la piste qui sera restée longtemps visible, après le départ du cirque. Dans une allée de la prairie Saint- Gildas, la vue d’un individu trainant une valise à roulettes, sur ce chemin si peu carrossable, lui aura paru des plus encourageants, comme un signe l’enjoignant à se remettre en route au plus tôt. Les gens ne se mettent pas en action pour eux-mêmes, mais pour mettre en action d’autres qu’eux-mêmes. Derrière des couleurs qui veulent s’aimer entre elles, se cachent des formes, comme autant de lépidoptères foisonnants, produit pour vous leurrer. Les filets ne sont pas tous destinés à la chasse aux papillons. « Nous appartenons davantage aux lieux que les lieux nous appartiennent » semble nous dire la peinture.  « Terre jalousie », que Nunki Bartt a traversée en cette toute fin d’après-midi d’été, était encore empreinte de cette ancienne violence, indicible, et pourtant tangible malgré les reflets chatoyants dont certaines formes s’étaient parées. Les couleurs sont des pièges tendus pour nous leurrer ; En général, ça nous convient. On se contente de si peu.



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