dimanche 11 avril 2021

la cyber diffusion baxteriène présente : Unicorn 17






Un récit d'anticipation signé maestro & nunki Bartt




A la mémoire de Medved Papiak ( 1951- 2018)
                                                                    


Dix-septième épisode


 Gloria débarqua dans l’appartement de Lars Faber, et appela Chuca à plusieurs reprises, sans obtenir de réponse. L’appartement était pourtant petit, elle n’avait pas besoin d’élever tellement la voix pour se faire entendre. Comme elle poussait jusqu’au cabinet du poète, elle se heurta à la nacelle qui servait à accéder à la chambre de l'enfant. Lorsqu’elle était descendue, elle prenait tout l’espace de la pièce. Un timide rai de lumière, depuis les combles, contrastait avec la pénombre ambiante. Machinalement, Gloria fit un peu de rangement sur le minuscule bureau de Lars, à l’endroit où Chuca avait bricolé.

- Chuca, tu devais venir dîner ! T’as encore oublié l’heure baby. Chuca ?

La petite ne répondait pas, mais quand Gloria gravit les premières marches de la nacelle, elle crut entendre sa voix, étrangement modifiée. C’était la façon que Chuca avait de jouer, en prenant des voix, en devenant quelqu'un d'autre, un double. Elle n’était plus jamais seule quand elle invoquait « sa tribu », comme elle désignait les voix. Au fur et à mesure qu’elle gravissait les dernières marches de la nacelle, Gloria pouvait reconnaître la chanson que Chuca  fredonnait dans sa langue natale. 

« O mnininha di morada

Manha é dia d'exibi

Bchti bô saia d'travada

Sima bia di bibi »

- Chuca, écoute, tu exagères, ça fait deux fois que tu oublies l’heure du dîner. Tu vas me faire tourner en bourrique

- Je n’ai pas fini l'amerloque !

- Ton oncle Lars m’a fait promettre de te mettre au lit à 10 heures, et on n’est toujours pas à table… 

- Tio Lars n’est pas mon oncle, c’est mon tuteur, un copain de Papaï !

- What's the fuck ? Mais qu’est-ce que tu as fait là, dis-moi ? 

La chambre de Chuca était circulaire, ovoïde. Elle avait poussé son lit tout prêt de la lucarne pour dégager un espace ouvert, où elle avait disposé des quilles en bois blond d’une manière qui, à première vue, semblait anarchique. Au centre du cercle des quilles, d’autres quilles, mais disséminées, plus rares aussi, qu’elle avait espacées avec un soin tout particulier. Enfin, Gloria remarqua une quille beaucoup plus haute que les autres, de loin, qu’elle avait repeinte avec une autre couleur : le bleu. A quelques centimètres de cette quille maîtresse, Chuca avait déposé une forme, qu’elle avait construite avec ses legos Belleville, et qui rappelait une espèce d’architecture. Gloria avait déjà vu un truc pareille, lors d’un voyage au Mexique, sur le site archéologique maya de Chichen Itza : la pyramide de "Kukulkhan". 

- Chuca, ma puce, qu’elle est la signification de ce truc ? Tu peux m’expliquer chérie ?

- Qu’est-ce qu’on va manger Gloria ? T’u t'es mis à la cuisine ou t’as encore acheté de la bouffe chez l’indien ? 

- Oui, J’ai encore acheté de la nourriture dehors, car vois-tu, il n’y a aucune raison pour que je me mette en quatre pour une petite peste comme toi !

- Dis plutôt que t’es pas capable de faire à manger ! même pour un enfant ! T’aurais dû en avoir des enfants… on apprend vite tu sais, avec eux.

Gloria saisit Chuca par les épaules, et la secoua énergiquement. Elle tenta de prendre son regard mais n’y parvint pas. Il y avait quelque chose chez la petite qui lui rappelait la "Zizinha", sa mère, ce regard farouche, plus que sauvage, qui la faisait vaciller quand elle s’y plongeait. 

- Ecoute-moi ! Je refuse de me faire martyriser par une gamine ! Je vais te donner le choix fillette ! Pour le dîner, j’ai acheté deux plats différents : Un chili et un colombo de poulet. Un seul mot de toi, et j'ai juste à les faire réchauffer, et crois-moi ma petite, il n’y a rien de plus appréciable que de ne pas s’enmerder avec la cuisine, surtout quand on a pas d'enfant, car je n'ai pas d'enfant, n'est-ce pas Chuca ?

         -        Les pauvres, je les plaindrais ! 

-      On en reparlera quand t’auras ta tripotée de chiards !

 « - Nunca Glorita !, dit la petite. Gloria prit sa main sans ménagement pour la sortir de ce qu’elle qualifiait de sinistre spectacle.  A peine furent-elles descendues au bas de l’échelle que Chuca s’immobilisa. Elle fixait Gloria, et ses yeux s’embrumait d’une petite mousson. - Mais tu pleures ma parole, s’étonna Gloria. Il va sûrement neiger !  Tu sais très bien tout ce j’ai à faire dehors, et c’est vrai : je ne suis pas un cordon bleu. – Non Gloria, je ne pleurais pas pour ça. - pourquoi alors ? - C’est bien vrai, tu me donnes le choix, Il faut vraiment que je choisisse ? – Bien sûr chérie, et je sais d’avance ce que tu vas manger, étant donné que tu préfères par-dessus tout le poulet frites,  mais on ne trouve pas de poulet frites à emporter dans notre quartier ! Alors, j’ai trouvé ce qui s’en rapprochait le plus : le colombo. Gloria résuma : - Comment faire simple quand on peut faire compliqué…Sortie comme un beau diable de sa boîte, la gamine lui échappa et bondit pour retourner dans sa chambre. - mais où vas-tu encore ? Chuca répondit juste d'une voix étranglée, - Je viens de faire le choix Gloria ! Elle contourna toutes les quilles pour en choisir une seule, la plus grande, derrière laquelle elle se tint, immobile. Elle renifla pour étouffer ses pleurs et d’une légère poussée, la fit basculer devant elle. La grande quille s’affala et réduisit en miette la pyramide de "Kukulkhan". Le bruit de la déflagration fit sursauter Gloria, et ses mains se crispèrent sur le câble des rampes.


INTERLUDE




 Le grondement était audible. Mais autour du camp, régnait encore un calme sidéral. Une douce lumière byzantine embrassait toujours le tipi. Lars n’osait plus la regarder, il baissait les yeux, non pas par ce qu’il avait honte de son échec, mais parce que Jasmine apparaissait encore plus belle dans l’ambiance camping qui baignait l’intérieur du tipi de Kiki. 

- Alors c’est ça ? C’est ça le grand Lars Faber ? L’homme pour qui je suis prête à risquer ma vie, d’un magasin de maroquinerie à l’autre, sans relâche ? Depuis que je vous ai vu Lars, ce soir-là, au coin Favart – des Italiens, j’ai deviné que vous m’attendiez, et depuis j’ai refait le voyage cent fois pour vous. Savez-vous que je vous désire ? Que je ne peux pas m’empêcher de vous désirer !

 Elle saisit la tirette de la navette de la fermeture éclair de la combi, découvrant légèrement la naissance des seins.



- Un jour vous m’avez parlé de ces Voatsiperiferys, et vous disiez que pour s’en délivrer, il fallait créer ce que vous appeliez… comment déjà ?

- Un contre-feu. Oui, la combinaison de l’imagination et d’une action absolument sincère, qui engendrerait une énergie telle, qu’elle rétablirait l’équilibre avec les forces oppressantes. Il faut la dompter en quelque … mais, qu’est-ce que vous faites ?

Elle ouvre grand la partie supérieure de sa combi intégrale en kevlar noir étoilé, faisant jaillir ses deux ballons captifs.

- C’est ça donc, « générer » un contre-feu. Autrement dit, faire naître une voatsi intime, faire exploser notre citadelle intérieure, c’est bien ça, monsieur le savant ?

Etat indescriptible 

- Oui mademoiselle, c’est-tout-à-fait-ça ! Oh ! Seigneur… « L’espoir est une ravissante jeune fille qui vous glisse entre les doigts ! ».

La combinaison franchit aisément le seuil du bassin, puis glisse sous le nombril, dévoilant sa petite culotte, couleur souris albinos. 

- Alors, baisez-moi Lars, tout de suite, sans préliminaires. Prenez-moi comme une chienne, puisque nous sommes prisonniers du langage, comme vous dites !

Il se dévêt calmement, commençant par la chemise 

- C’est d’accord Jasmine, on va baiser, mais comme des castors, si vous ne voyez aucune objection à ce que je préfère cette expression à la vôtre. Vous voyez, je vous donne raison, pas moyen de s’en sortir de ce foutu langage, surtout dans ce registre. Pour notre consolation, gageons que c’est peut-être le seul animal qu’elle ne pourra jamais assimiler !

Elle s’agace sur les jambes de sa combi qui entrave le passage des pieds. Dans la précipitation, cherchant à se débarrasser de ses solerets, la combi a entraîné la culotte, avec un effet tire-bouchon.




- Et pourquoi ça, Lars ? Pourquoi pas le castor ? Laissez-moi faire

- Mais voyons, à cause de son appendice caudale, Jass’ !

Elle abaisse sans ménagement le boxer de Lars sur ses cuisses, délivrant une queue tendue comme une bride 

- Dites chéri, il me semble que vous n’avez pas débandé depuis le début de notre voyage, est-ce que je me trompe ?

- C’est cette odeur de cuir qui en ait la cause, elle vous suit partout, enfin, quand elle ne vous précède pas.

Contemplant un instant la verge ravie, elle s’en empare et l’attire à elle

- Est-ce parce que sa queue est plate ?

- Oui ! Et parce que son observation donne une bonne idée de son état général…

Elle le masturbe délicatement 

- Oui, je vois ça, mais pressons Lars, voulez-vous ?

- Elle constitue également une réserve alimentaire…

- Il me semble avoir compris le message. Elle déporte son visage vers le sexe dressé pour l’engloutir avec gourmandise

- Jasmine, saviez-vous que le castor adopte principalement la marche bipède, surtout dans la lutte ?

Cessant son va-et-vient et reprenant ses esprits, elle regarde Lars avec un léger strabisme convergeant

- C’est avant tout un régulateur thermique, non ?

- Décidément Jasmine, vous m’impressionnez ! vous êtes une experte en toutes choses, et parfaitement incollable avec ça ! 










A SUIVRE 

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