lundi 19 avril 2021

la cyber diffusion baxteriène présente : Unicorn 18











Un récit d'anticipation signé maestro & Nunki Bartt



Dix-huitième épisode


 Jasmine se troublait à l'innocence de Lars, à ce "sérieux, quoi qu'il en coûte", qui la renversait, mais, à peine eut-elle le temps d’ouvrir l'arc de ses jambes, entre lesquelles, apparut la conque imberbe et sublime, que le poète cherchait déjà à la pénétrer. Il hougnait le cochon ! « - Eh ! Dites Lars, on n’est pas à la nuit de noces de Thérèse Desqueyroux, là ! Jouez un peu, voulez-vous, avec votre gland sur mon clitoris, et vous verrez comment je saurais manifester mon plaisir. – Eh ! bien, pour quelqu’un qui ne souhaitait pas de préliminaires… » Il s’exécuta et fit rouler carrosse, lui donnant l’impression de s’engager dans une ruelle trop étroite, à démolir les bouteroues, quand, à peine s’y était-il frotté, elle se mit à pousser des ghurlantes, comme une clarisse à l’exorcisme. 



En l’espace d’une minute, ses cris dépassèrent en décibels tout ce que la créature avait produit en une longue journée. Il était clair que pour Lars, la danseuse intrépide simulait, ce qui était contraire à la charte, et contre-productif. Alors, quand il en eut assez de faire joujou, il lui décolla le cul de la couverture de survie, l’empoigna fermement sous les fesses pour l' harnacher solidement à ses hanches, et il l’éperonna. Ainsi, purent-ils s’adonner ensemble à ce feu d’artifice que réclame généralement la Nature, harmonieuse et sage, outrageusement domestiquée par l’Homme, définitivement débarrassée des fées, des monstres et des sortilèges. Leurs jambes ressortaient en gigotant par l’ouverture du tipi trop petit de Kiki. Ils se mordaient, se buvaient dans l’entrelacs dodécaphonique de leurs halètements, quand cette sérénade orgiaque produisit enfin les effets surnaturels qu'ils espéraient. Tout absorbés par leurs jeux sexuels, ils ne s’aperçurent pas que le tipi de Kiki l’indien avait pris de l’étoffe, que ce n’était plus le simple jouet d’enfant que leur avait confié Chuca. Son envergure approchait celle d’un véritable wigwam, et ça sentait la tannerie à plein nez là-dedans. Une brume légère le recouvrait, la trame souple d’un voile d’hivernage, une gigantesque toile d’araignée. 


" Touche-moi avec ta main nue,
 touche-moi avec ton gant…"

La tempête se déchaînait tout autour, mais les deux amants ne s’en souciaient guerre. Ils se consommaient, comme deux vecteurs, dégageant un surcroît de production thermique, s'activant, encore et toujours, concentrant de l’énergie sexuelle afin de contenir l’expansion de la voatsi. Lars avait prévenu: « - Ah ! Merde, je vais jouir Jasmine, putain ! » Tant pis, on s’y remettait. Il n’était pas question de se compter fleurette une seule minute. Alors que Jasmine  lui administrait une nouvelle fellation en règle, Lars Faber s’aperçut  qu’il était au beau milieu d’un tipi comme on les conçoit chez les Delaware, alors, il replongea dans son enfance radieuse, et se prit pour Chingachgook, et Jasmine, naturellement, ne pouvait être que la jeune biche, Tachelhana. C’est dans la peau de ce dernier qu’il la hocha, à la manière des Mohicans, lui faisant visiter les Appalaches sous les premières neiges, les sources riantes que remontent les saumons pour se reproduire, là où ils sont nés. Jasmine ne savait plus si elle était dans le couloir des « belles voyageuses » ou bien dans la réserve du « Bonjour Paris ! » Elle le refit dix fois ce parcours. Elle feulait, elle griffait, elle suppliait : -Ptitchristdetabarnak !  Elle sacragasmait. Lars, qui accueillait pour la première fois la croupe offerte de Jasmine, ne savait plus auquel grand esprit se vouer – et tandis qu’il la prenait en levrette, les mains rivées aux deux mamelles du Paradou, il se demanda, en conscience, détaché du coït, s’il devait réclamer la puissance de Wakan tanka, ou celle de Kitchi Manitou. Dans la confusion de son esprit, il s'engagea corps et âme dans l'âpre bataille, prêt à entamer l’aubier de l'anus qui le fixait, et respirait comme l’œil divin. Et parce qu’elle sacragasmait dans une tonalité très proche de celle du chant des supporters de son club de football préféré, il fut pris du désir de le chanter avec elle, cet hymne des Reds ! Alors, tout en faisant remonter le bloc de ses hanches pour mieux l’envahir, ils entonnèrent ensemble, exactement comme s’ils étaient au cœur du Kop : "you'll never walk alone".





 "Walk on, walk on
 With hope in your heart
 And you’ll never walk alone
 You’ll never walk alone"

     

Galvanisés par ce chant régénérateur, ils roulèrent sur la couverture de survie en riant, en chahutant, et en joignant leurs mains pour la première fois. Ils se permettaient de souffler avant de se prendre à nouveau. Seulement, ce veinard de Lars n’était plus de la première jeunesse, il plaidait coupable d’avoir déjà 52 ans, un manque évident de pratique, et une scoliose fixée, quand Jasmine, elle, montrait l’appétit sexuel insatiable de ses 21 printemps, et Lars, craignant que les dimensions du tipi n’atteignent bientôt celles du palais de justice de Bruxelles, proposa des travaux plus calmes. Leur copulation se confondit, dès lors, avec l’accouplement ritualisé de deux insectes. Comme ces dytiques qui progressent par saccades sur l’effroyable horizontalité de la surface de l’eau, on eut juré qu’il ramait en elle, quand, derrière lui, il sentit une présence; Il aurait parié qu’on les observait. Et quand il se retourna, tout en essayant de conserver le rythme du coït, il aperçut comme deux petits papillons qui virevoltaient à l’entrée du wigwam, deux Robert-le-diable, descendus du causse jusque dans les bois d’Itar. Jasmine, passablement piquée par cette interruption volontaire du rythme, voulut connaître le trouble de Faber, quand en se redressant, elle s’écria : « - Oh ! Non, mon dieu, quelle horreur, ce sont ses yeux ! – De quels yeux voulez-vous parler Jasmine ? – Seigneur ! Mais ceux de Med ! » En effet, les yeux de Papiak,  maintenant qu’ils étaient libres, se promenaient dans le tipi et se rinçaient à la vue de ce voluptueux spectacle. – Laissons les faire Jasmine, dit Lars, nous sommes sur la bonne voie, je vous en prie, continuons ! Et de toute façon, nous étions rabibochés, n’est-ce pas". Alors, Jasmine, sans dévulver, se plaça à l’envers, sur le bassin de Lars Faber, lui offrant, au passage, le galbe gibbeux de ses fesses rebondies, et elle fit face aux yeux-papillons du direktor, réservant son sexe occupé, aux yeux  vivants qui la dévoraient. Et les yeux de Papiak remercièrent. Les amants n’entendirent sûrement pas la plainte émise par le chêne noueux quand, après de longues heures de lutte contre l’ouragan, il rompit, net 

Au matin brumeux, les gelées blanches. Les pinsons et des geais chantaient déjà. il ne restait presque plus rien du bois d’Itar. Ici, et au-delà, tout n’était qu’un enchevêtrement de branches, de volis éparpillés très loin de leurs chandelles. Leur multitude rappelait une palissade de pals menaçants, les galettes des arbres, qui avaient été déterrées vivantes, avaient les jupes relevées, comme les cadavres de femmes après un bombardement; des radicelles, encore toutes tremblantes sortaient des légions de polypodes voraces, qui convergeaient sans détour vers la tanière d’Unicorn pour voir, si des fois, il ne restait rien à manger… La créature gisait là-bas, près du fossé qui endouvait la clairière. Elle était morte ! Unicorn en assimilant le direktor avait perverti son organisme ; en le phagocytant, elle avait absorbé ce qu’il y a de pire dans le monde du vivant : les cellules souches d’un être humain. Sa nature corrompue avait bien essayé de lutter contre le mal qui était entré en elle, en embrochant, comme à la foire, trois pécaris qui s’étaient proposés, mais la nature perverse du dresseur l’avait déjà empoisonnée. Ainsi la merveilleuse arche bio cellulaire du bois d’Itar ne prendrait jamais la crue du temps, ne ferait jamais le voyage vers les hauteurs paisibles et luxuriantes. 
Des vapeurs de glace s’échappaient de la terre encore endolorie du massacre de la nuit. Le soleil perçait à peine ce qui restait des cimes d’un bosquet épargné autour de la tanière. Par une trouée, la lumière douchait un petit buton d’herbe tendre, sur lequel un ursidé au pelage blond était venu se réchauffer, bien aise de trouver un peu de chaleur auprès des rayons du soleil. Il se redressa vivement. Et quand les quelques rares habitants des forêts, qui s’étaient cachés tout ce temps au fin fond du bois d’Itar, se rassemblèrent, blottis les uns contre les autres, ils découvrirent un drôle d’ours qui dansait, qui dansait, qui dansait, qui dansait













Fin, ou presque

1 commentaire:

  1. Chapeau maestro ! Cette furia coïtale, au son de Stravinsky, des Reds et de Léonard Cohen, c'est du grand art !

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