lundi 22 février 2021

La cyber diffusion baxteriène présente : Unicorn 11

 

      


     


 

                                                        Onzième épisode

                                                  

« Aussitôt que l’Homme a porté la hache sacrilège ou la torche guerrière dans les forêts, il a commencé par altérer la chaleur et la fécondité de la terre. En diminuant le domaine des animaux , par conséquent leur nourriture et leur nombre, en détruisant des végétaux dans lesquels circulait sans cesse le feu de la vie, en découvrant la terre qui devait ainsi perdre ses particules, l’Homme insensible dans ses destructions, est loin de songer qu’autant de fois qu’il mutile la nature, autant de fois il commet un crime envers sa postérité, dont il diminue les moyens de sa subsistance. » 

-   Lars, Jasmine, venez voir ça, szybko ! 

Jasmine enfourcha la corde et avala les nœuds avec l’avidité d’un pompier volontaire. Faber lui, eut un mal de chien à grimper. Le direktor montrait déjà du doigt, l’objet de son trouble. Il tremblait. Faber  fit enfin son apparition sur la branche, fin cuit. Le gîte d’Unicorn était là-bas, à un jet de pierre. La petite « hutte » pyramidale que Chuca avait représentée sur son dessin, au beau milieu des arbres parmi les nombreux arbres, se dressait juste à l’orée de la clairière. Le direktor Papiak n’avait eu aucun mal à l’identifier : « - Dites-donc Lars, la Chuca, elle se défend pas mal en fin de compte, c’est très ressemblant ! » Mais la créature restait invisible. Seules quelques bêtes, aux alentours, paissaient, d’autres se désaltéraient au bord d’un étang, qui était peut-être  un lac, ou s’étaient couchées dans les fougères, autour de la  hutte. « - Il est temps de monter le tipi de Kiki, les amis. - Puis-je vous aider Lars ? Mais certainement Jasmine, vous allez voir, c’est un jeu d’enfants. -  Vous venez Medved ? » Mais le dompteur, peu enclin à monter la canadienne, (comme il appelait le tipi), préféra rester perché sur sa branche maîtresse car il fallait bien que quelqu’un se charge de faire le guet, au cas où la créature viendrait à apparaître (c’est enfin ce qu’il prétextait pour rester là-haut).
(…)

- Bienvenue chez Kiki l’indien, Jasmine !

- Oh ! Lars, c’est remarquable ! Vous êtes un artiste complet, au fond ; Vous avez réussi à recréer une symétrie parfaite avec ce que nous voyons en face de nous, comme dans un prisme. C’est du land art combiné à de l’architecture nomade. Vous êtes le nouveau Robert Smithson, Lars Faber!              





Comme le direktor voulait tempérer leur enthousiasme et notamment, celui de la danseuse,  il demanda quelques explications au sujet du tipi (parce qu’il avait très bien compris que jamais ils ne tiendraient à trois là-dedans), et le poète dût faire toute la lumière sur la fonction symbolique du tipi de Kiki l’indien, et leur révéler la véritable destination de son installation. Il fut question d’un graphique expliquant les comportements des individus entre eux, appelés proxémie, par un certain Edward T Hall, un anthropologue américain, il fut question de son ouvrage de référence : « La dimension cachée », ainsi que de son étendue au comportement des animaux, dont, le chien, et les risques encourus à pénétrer au-delà d’une sphère personnelle. Il fut surtout question de cortex reptilien, de réflexe de défense chez l’animal et de la fameuse zone critique.

- Parce que vous avez peur de vous faire mordre, Lars ?

- Vous ironisez Medved, mais vous devez savoir que tout animal qui se sent en danger peut se retourner contre celui qui l’accule, le charger et le tuer. Après tout c’est vous le dompteur, non ?

- Nie ma problem ! Si vous croyez que je vais me laisser intimider par cette créature. En cas d’attaque, elle gouttera à ça !

Faber vit que le dresseur leur montrait le fouet enroulé autour de sa cuisse, ce fouet légendaire dont jamais il ne se séparait. Quelque chose avait sensiblement changé dans le comportement du direktor, et Faber voulut une fois encore détendre l’atmosphère. Mais cette fois, il ne pouvait plus compter sur un bon cocktail. «- Et si jamais je la vois avant vous Medved, pour la tenir en respect, en quelle langue dois-je m’adresser à cette bestiole ? Et le direktor Papiak avait répondu d’une voix blanche  - Dans la langue la plus logique et la plus implacable qui soit au monde: en allemand. - Ce qui nous prouve donc qu’elle aura des dents, cher direktor ! » 

- Vous n’avez pas fini tous les deux, carlisse ! allez Medved, descendez de votre arbre, ça va faire bientôt trois heures que vous êtes perché là-haut. J’ai préparé des boulettes aux champignons et au cury
- Encore un instant Pana Jasmine, j’aperçois quelque chose qui bouge dans les taillis…

   
A SUIVRE…

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