Etape « Demi » pour les gitans.
Cette étape en « demi » est due au décalage de temps. Elle se situe un an après la « 19 ». Que nous aura appris ce laps de temps que nous ne sachions déjà ? Rien de plus ou si peu … Au moment où le covid 19 intrusif obligeait nos gouvernants à créer un confinement pouvant être protecteur, les interrogations sur la nature, la dangerosité, les possibilités de contaminations étaient la source d’une angoisse quasi civilisationnelle : « Ils ne nous disent rien. On ne sait pas. » Par « ils » il fallait comprendre les propos des médecins chinois, propos filtrés par les autorités chinoises.» Probablement était-il tout aussi compliqué de faire parler un médecin chinois à propos des chauve-souris ou de son institut de recherches que de le faire taire sur l’utilité des masques. Cette partie du message chinois rendait sourd, tout simplement. Heureusement les bavardages compensent le vide : on en a été abreuvés au point que par peur du réel plus que par peur du virus, l’on peut préférer la servitude volontaire aux confrontations des faits.
Eloignés de la poésie ?
La poésie n’a pas besoin de courir bien vite derrière toi pour te taper légèrement sur l’épaule. Une nuit, dans une rue du vieux Tours, les ombres de Nunky et de Prof, scrutaient les murs d’un ancien établissement qui avait eu surtout des fonctions de redressement pour la jeunesse "La fondation Verdier". Comment autant de morale concentrée n’aurait-elle pas pu avoir eu un effet de dégagement sur notre conversation du moment ? Obligés de la nuit, nous n’imaginions pas être la proie des ombres, au contraire.
Gitans
Insupportablement libres dit la voix.
Derrière le paysage clos, dans le virage,
Près des broussailles dans ce creux-là
J’ai rêvé de cadavres. Quelque chose
De très simple. Un tas de viande froide
Dans le crépuscule. Mais alors l’un d’eux
M’a dit : n’aie pas peur, je suis le livre des
Gitans, je vais te révéler deux choses
Avant de continuer sur la ligne.
Je te résume : la liberté et la pauvreté
Etaient un drapeau. Le drapeau de ceux
Qui sont tombés dans le virage.
Oeuvres complètes I, page 340
Pas loin, le «Passage du cœur navré » est une ruelle couverte. Une tradition orale en a fait le passage emprunté par les condamnés au pilori, place Foire-le-roi. La signification de « blesser » est très proche de celle de « navrer ». On cite de Quinet : « C’est son cœur que j’ai navré ».
Cela nous fait revenir à l’aventure de Cesarea. Sa réputation est immense, tous les poètes se reconnaissent d’elle et ceci au prix d’une puissance d’évocation dont les témoins semblent s’évanouir de blessure irrémédiable et quelle que soient les pauvres traces imaginaires de leurs élans. Se rappelle- t’on que l’amant de Cesarea mourut de la corne navrante d’un « toro » ? Se rappelle-t’on que le seul poème authentique de Cesarea aurait été la simple désignation de la sépulture du navré torero, hélas mots devenus illisibles à cause de l’usure du temps ?
« N’aie pas peur, je suis le livre des gitans. » Doc, Baxtérie 14 mai 2021.
"Madame, je ne vous compromettrai point par des flammes indiscrètes. Ce brutal de mari me navrerait sans pitié et plongerait le fer en votre blanche poitrine (Gautier, Fracasse, 1863, p.270)."
RépondreSupprimerMerci, Doc, pour cet itinéraire bolanien, ce tour qui s'achève à Tours, non loin de ce pont aux néons bleus qui s'affiche dans la bannière du site. Il va falloir reprendre bourdon et besace, et repartir à l'assaut des souvenirs, pour ouvrir une nouvelle route de poésie, sur les pavés luisants de la pluie romanichelle.